L'équitation éthologique

 

Cette page est très largement inspirée de la revue Cheval Pratique de janvier 2009

Et chez nous ?
 
En Europe comme en France, beaucoup ont été conquis par cette nouvelle approche de l'équitation et de l'enseignement. Ils sont aujourd'hui huit opérateurs, dont beaucoup issus de Pat Parelli, que Silvia Furrer a fait venir en France dès 1997 pour le colloque à l'ENE.
Elle-même a quitté le groupe PNH pour se joindre à un autre dissident, ancien instructeur Parelli, l'Australien Ken Faulkner, brillant cavalier et pédagogue.
La Cense a, elle aussi, quitté Parelli pour ne faire confiance qu'à Andy Booth dont la difficile mission a été d'«européaniser» une méthode jusqu'alors jugée un peu trop "cow-boy".
Chose qu'avait faite, depuis les année 2000, la Franco-Belge
Marie-Claire de Selliers, BEES1 et instructrice Parelli installée aujourd'hui à côté de Tours.

Laure Bousquet, engagée au tout début par la Cense pour promouvoir cette méthode a, quant à elle, créé Firfol en développant cette compréhension du cheval avec une pédagogie innovante grâce à ses chevaux irish cobs et la voltige en cercle.

Tandis que tout ce petit monde monte en licol (avant de passer en filet), Élisabeth de Corbigny prône le travail en filet dès le début tel que l'enseigne son maître Jonh Lyons.

Johan Hoffmans est le seul opérateur fédéral issu de Monty Robert (avec dans l'ombre, le très bon travail de ces précurseurs que sont Anne-Lorraine Picard-Nizou et Adrien Maby) et enfin,
nos petits Frenchies, Gérard Dorsi et Guillaume Antoine, qui se sont un peu inspirés de toutes ces méthodes pour se tourner plus particulièrement vers le coaching personnel
et Nicolas Blondeau, bien loin de tous ces américanismes, mais qui prône une équitation sans violence, avec débourrage dans le box, sorte d'équitation éthologique à la Française.
 


Tous ces centres forment des cavaliers et des enseignants. Les uns et les autres peuvent comparer leur compétence sur les challenges "Equifeel" dont la finale à lieu chaque année à La-Motte-Beuvron en même temps que les championnats.
Après bien des excès à cheval, ces championnats ne se déroulent plus qu'au sol avec, maintenant, un niveau d'épreuves où les tests sont libres et donc non "préparables" car on a reproché à ces épreuves, considérées par beaucoup comme un championnat d'«agility-horse», de robotiser les chevaux.

Si vous voulez connaître la pensée de vraies scientifiques, la FFE a nommé deux experts fédéraux : Nadège Miklas et Hélène Roche (qui organise des stages d'observation dans le Causse Méjean avec les chevaux de Préjwalski). Son livre est recommandé par la FFE somme support pédagogique aux 5 Savoirs éthologiques, l'équivalent "comportemental" des Galops.

 

Et dans mon équitation ?
 
L'éthologie c'est une philosophie, des concepts et ... beaucoup de travail !
Au début, il y a la compréhension et le travail à pied (Savoirs 1 et 2) puis vient la technique montée du cavalier débutant (Savoir 3) au cavalier plus chevronné (Savoir5), le Savoir4 permettant d'étudier le travail en liberté.
Mais être un "Savoir 5" ne veut pas dire être Andy Booth, tout comme un Galop 7 n'est ni Éric Navet ni Kévin Staut. Cela veut seulement dire être au début du chemin. Pour se convaincre du niveau d'exigence des vrais horsemen, il suffit de voir les exercices des niveaux 3 et 4 de Parelli pour s'apercevoir de la qualité recherchée et dont le but est de développer la compréhension et le tact équestre.
« Tout le monde le fait » ou « On l'a toujours fait », c'est ce qu'on entend dans toutes les écuries et c'est absolument faux car les a priori et les traditions ont la dent dure !
Bien sûr, chacun se croit dans son bon droit, mais il suffit d'observer autour de soi pour voir que la punition est toujours au goût du jour : les chevaux sont battus pour sauter, pour entrer dans le van. Des actes qui ne font que souligner une incompréhension totale de ce qu'est un équidé ! Et il ne s'agit pas de mettre votre cheval dans du coton ou le gaver de bonbons car, comme le dit très justement Andy Booth, ses méthodes ne sont pas douces : elles sont justes et nécessitent d'être ferme quand la situation l'exige. Cela se nomme l'éducation. Une chose oubliée.

Il est vrai que beaucoup d'adolescentes arrivent à la maison parce qu'elles n'aiment pas les concours. Elles ont le niveau pour sortir mais elles cherchent autre chose et sont méprisées dans leur club. Avec la méthode de Parelli, elles découvrent que la relation passe avant tout le reste et que ce n'est pas un ensemble de "trucs" !

Marie-Claire de Selliers

 

Ce qu'il faut améliorer (d'après Sylvia Furrer) :

- On considère l'éthologie comme une discipline alors qu'elle devrait être la base de formation pour tous cavaliers ou propriétaires.

- Beaucoup de professionnels veulent "surfer" sur la vague et ne s'y intéresse que pour faire de l'argent, ce qui apporte une forme de discrédit au reste de la profession.

- Certaines personnes veulent bien faire de l'éthologie mais sans vraiment se remettre en cause et changer leurs pratiques.

- D'autres, sous prétexte de faire du naturel, font parfois n'importe quoi sans même respecter la sécurité et le bien-être du cheval et de l'humain.

Andy Booth n'est pas peu fier des 85 centres équestres (en 2009) partenaires de la Cense. Une chose impensable voici dix ans ! Mais on peut penser qu'il suffit de signer pour être partenaire et que beaucoup pense tirer profit de l'engouement médiatique pour ces nouvelles pratiques sans trop s'attacher de plus près au concept ou à la philosophie de ce mouvement. Andy répond :
« C'est à nous de les former car, derrière ce partenariat, il y a une obligation de formation pour qu'ils puissent proposer cette activité dans leur club. Il y a dix ans, ces gérants de clubs nous auraient dit :"C'est gentil, votre truc!". Là, ils font la démarche pour s'inscrire et, nous l'imaginons, pour apprendre. En plus, s'ils le font, cela nous montre qu'il y a une demande de la part du public, les cavaliers veulent ça dans leur club ! Et c'est logique économiquement de vouloir un cheval bien mentalement ! Comme nous l'avons toujours dit, si l'on améliore plaisir, performance et sécurité, tout le monde est gagnant car le nombre de cavaliers va progresser. On a fait un boulot énorme pour que les cavaliers voient le cheval autrement, je veux dire plus comme un cheval et moins comme une mobylette ! »
   
Le matériel  

Du côté du mors, en classique, il est dit qu'il faut trois plis à la commissure des lèvres. Mais pourquoi ? Un cheval travaille tout aussi bien (voire même mieux) la bouche relâchée et non pas avec un sourire jusqu'aux oreilles !

En dressage, par exemple, les cavaliers montent avec des muserolles de plus en plus larges et serrées. Alors qu'avec un peu d'observation (si l'on monte sans muserolle ou en licol), on va très vite s'apercevoir de la nécessité pour le cheval de mâchouiller ou de déglutir chose qu'il ne peut pas faire la mâchoire ainsi coincée.

Mors ou licol ?

Il faut bien comprendre que, si l'on prône l'équitation en licol, c'est pour apprendre au cavalier à avoir une bonne main, à saisir tout le sens du tact équestre. Lorsque le cavalier grimpe dans les "levels" Parelli, il doit prouver qu'il peut monter avec un filet et même avec une bride. Personne n'a conseillé d'aller se faire prendre la main en licol le long des autoroutes !
Une question qui ne se pose même pas chez les Lyons et, comme nous le dit Élisabeth de Corbigny :
« Je n'ai pas les moyens de changer la réglementation internationale du dressage : je préfère aider les chevaux à comprendre le mode d'emploi du mors, plutôt que d'éviter le sujet et ne pas les préparer à ce qui les attend !
Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas mettre un cheval au piaffer ou au passage sans mors, cela veut simplement dire que tous ceux qui font des démonstrations sans bride ont dressé d'abord leur cheval avec un mors. Pour quoi tricher et ne pas le dire !
»
Sans être totalement vrai, dans le groupe des (ex) Parelli, ce n'est pas complètement faux puisqu'un Andy ou Ken peuvent monter leur cheval avec et sans, comme avec et sans éperons. Monter avec rien est le message ultime, la preuve du lien tissé entre le cavalier et sa monture.